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Crónicas - August 4, 2008

Entrevue avec Jacques Thomet

Jacques Thomet, journaliste français, rédacteur en chef à l’AFP durant 32 ans, auteur du livre très controversé Ingrid Betancourt: histoire de cœur ou raison d’Etat, licencié d’histoire à Besançon puis diplômé du Centre de formation des journalistes (CFJ), a été en poste à Cuba, au Brésil, en Colombie, au Venezuela, en Equateur, à Washington et à Paris. Après la publication de son dernier livre Les soldats de l’information, il a créé un blog sur internet où il essaie de combattre la manipulation de la presse. Jacques nous a parlé en exclusivité depuis l’Espagne, de la nouvelle la plus publicisée ces derniers temps: la libération d’Ingrid Betancourt.

 

N.G En quoi consiste l’investigation que pourrait entreprendre le gouvernement français sur le cas d’Ingrid Betancourt?

J.T L’Assemblée Nationale a tout pouvoir d’ouvrir une commission d’enquête parlementaire pour savoir pourquoi, comment et combien d’argent du trésor publique s’est dépensé depuis 2002 pour la libération de la colombienne Ingrid Betancourt. Jamais la France n’a rien fait en faveur d’Aïda Duvaltier, FRANCAISE kidnappée par la guérilla colombienne, puis morte en 2006 en captivité en Colombie après six ans passée comme otage de la guérilla à la place de son mari malade que voulaient séquestrer les rebelles. Les contribuables français doivent savoir la raison pour laquelle la France a envoyé à Manaos un Hercules C-130 en 2003 avec 11 espions à bord, puis un Falcon 50 en avril 2008 à Bogota avec Saez et Gontard à bord, pour des opérations d’une totale incompétence et avortées, grâce à l’ancien Ministre des affaires étrangères, Dominique de Villepin (ensuite Premier Ministre de 2005 à 2007).

Egalement, ils devront savoir pourquoi, et à quel coût, Bernard Kouchner, également Ministre des affaires étrangères, a envoyé à Bogota, un avion de la force française, un Falcon-50 en avril 2008, sans aucun succès, pour supposément aider Ingrid Betancourt, qui était apparemment atteinte d’Hépatites B, de leishmaniasis et de paludisme. Cela était faux, comme vient de le confirmer l’évaluation médicale qu’elle a passée à l’hôpital Val-de-Grâce à Paris cette semaine.

 

NG. La France est très connue dans le monde entier comme étant un pays défenseur des droits humains, cependant, les journalistes canadiens, même les français qui résident au Québec ne comprennent pas pourquoi il y a beaucoup d’intérêt de la part du gouvernement français pour la libération d’Ingrid Betancourt, et quelle est la relation de celle-ci avec la France ?

J.T Le sujet d’Ingrid Betancourt est une affaire affective et sentimentale, comme lui a dit l’ancien ambassadeur français, Camille Rohou. Ingrid était une amie très proche de Dominique de Villepin, quand il était son professeur de Sciences Politiques à Paris en 1981. Sa sœur, Astrid Betancourt été l’amante de Daniel Parfait, ambassadeur français de 2000 à 2004 en Colombie, qui a divorcé de son épouse, pour se marier avec cette dame. C’est une affaire qui comporte un conflit d’intérêt à tous les niveaux, qui devra être examinée par la Commission d’enquête parlementaire, si un jour il y en a une.

 

NG.. Quelle est votre opinion sur la couverture de la presse française par rapport à la libération d’Ingrid Betancourt, puis de son retour à Paris après sa séquestration ?

La presse française en a fait une couverture partielle, sans prendre de distance, sous l’effet émotionnel de la libération, une presse qui jamais pendant ces six ans a investigué ce conflit d’intérêt, et qui a laissé le peuple français croire qui le kidnapping d’Ingrid était la responsabilité du gouvernement colombien, alors que c’était les FARC qui la martyrisaient. Jamais la guérilla n’avait accepté de dialoguer avec Alvaro Uribe. Pire que cela, le gouvernement français a agit publiquement contre le président colombien en exigeant d’abandonner toute intervention militaire pour sauver Ingrid. La libération d’Ingrid et des quatorze otages fut un succès total, une gifle au gouvernement français, parce que c’était une manoeuvre des services secrets de l’armée colombienne. Il faut se souvenir que dans son vidéo du 30 d’août 2003, Ingrid avait demandé à Uribe d’envoyer un commando pour libérer les otages, elle-même y compris. Cependant, les media n’ont jamais rappelé ce fait. Je n’ai jamais arrêté de parler de cela dans mon blog.

 

NG. Est-il est vrai qu’on a essayé de vous intimider, pour ne pas que vous donniez votre opinion par rapport à l’affaire de la libération d’Ingrid Betancourt ?

J.T. Oui, dans la chaîne I de télévision, un tel Oliver Roubi, membre des comités de Betancourt à Paris, a demandé à cette chaîne de ne plus me donner la parole. J’ai été censuré parmi d’autres chaînes comme TF1, qui la plus grande audience, parce que j’ai critiqué Dominique de Villepin. Aussi en Colombie, par l’ex-otage Luis Eladio Perez (aujourd’hui réfugié à Miami dans des circonstances étranges). Il a dit à Radio Caracol qu’un « un journaliste français » (c’était moi) devrai avoir peur parce qu’Ingrid allait le poursuivre à cause de son livre. Je n’ai pas peur pour cela. Toutes les nouvelles que je dis dans mon blog (http://www.jacquesthomet.unblog.fr/ me donnent raison sur la famille Betancourt et le pouvoir français. J’attends qu’ils me poursuivent avec beaucoup d’intérêt.

NG.. Qu’est- ce que vous pensez de l’article de votre collègue journaliste française Florence Thomas dans le journal El Tiempo : « paroles pour un voyage de retour ? » Comment peut-on comparer cette séquestration avec l’holocauste qu’ont vécu Primo Levi et Simone Veil ?

J.T. Cela n’a rien à voir.

NG Qu’est-ce que vous pensez du changement d’opinion de la famille Betancourt par rapport au Président Uribe ? Est-ce que vous croyez qui ils ont manipulé l’opinion publique en France ?

J.T. Ingrid a dit et continue de dire tout le contraire de sa famille sur Uribe, en appuyant sa réélection, malgré que sa mère et sa sœur n’aient jamais cessé de critiquer le président colombien et de défendre les FARC. La presse française s’est laissée manipuler par les Delloye et Betancourt sans le moindre esprit critique.

 

NG. Qu’est-ce que vous pensez de la proposition de la présidente de Chili madame Michelle Bachelet de proposer Ingrid Betancourt comme Prix Nobel de la Paix ?

J.T. Si il y a un quelqu’un qui mérite un prix Nobel de paix c’est sont les otages et/ou Herbin Hoyos, un héros qui, quotidiennement donne la parole à toutes les familles des otages, grâce à son émission de radio « la voix de l’enlèvement »

 

NG. Selon vous, quelles seront les défis d’Ingrid Betancourt à l’avenir ?

J.T. L’attitude d’Ingrid, qui est restée en France au lieu d’être présente dans son pays, est déjà mal perçue. Personne ne comprend, pourquoi elle n’a pas participé au rassemblement du 20 de juillet à Bogota pour exiger la libération de tous des otages des FARC. Elle n’a pas 8% d’intention de vote dans les derniers sondages de la Colombie qui donnent 73% à Alvaro Uribe. Je crois qu’elle va essayer d’entrer dans la politique française, comme député du parti vert. Peut-être que Sarkozy la nommera Ministre.

J’aimerais dire que je déplore la manière dont Paris a traité la Colombie, pendant six ans, à cause de l’affaire Ingrid, comme si c’était une dictature, quand il n’y a pas un pays plus démocratique, plus digne et travaillant en Amérique latine. Même le chanteur (qui parle et ne chante pas) Renaud a qualifié Uribe de « fasciste ». S’il y avait une république de bananes dans ce sujet, c’était la France, avec son insolence devant le drame colombien.

De plus, je n’accepterai jamais que des criminels de lèse-humanité comme ceux des FARC puissent venir un jour en France comme réfugiés politiques, comme ont proposé déjà le Premier Ministre François Fillon et le Président Sarkozy. Ces criminels devront s’asseoir un jour devant la Cour Pénale Internationale de La Haye.

 

Editeur en française: Elise Lalonde

 

 

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