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Cultura - April 15, 2019

Montréal développe une intelligence artificielle avec éthique

@Natalia Gnecco Montréal  est devenue un leader dans le domaine de l’lA. 

De plus en plus d’entreprises travaillent pour devenir des grands producteurs de cette technologie qui transformera l’avenir de l’ensemble des secteurs. 

Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce métropolitaine de Montréal (CCMM) et organisateur du Forum stratégique sur l’intelligence artificielle, nous parla de la notoriété de cette ville du Québec au Canada, après la réussite de sa mission commerciale au Japon

 Moniseur Leblanc, ¿pourquoi Montréal est devenue une ville à la tête de cette technologie?

Sans être nécessairement à la tête de l’intelligence artificielle, Montréal est sans aucun doute un hub mondial reconnu de l’IA en raison de plusieurs facteurs. D’abord, la métropole compte un nombre important de talents – 107 500 emplois hautement qualifiés – et d’entreprises – 5 250 – dans les secteurs technologiques, qui contribuent à hauteur de 11,6 milliards $ au PIB. Comme ville universitaire et de savoir reconnue, Montréal compte 11 établissements universitaires comptant de nombreux centres de recherche de calibre mondial.

De ces centres de recherche ont émergé des leaders en intelligence artificielle, comme le Mila, Institut des algorithmes d’apprentissage de Montréal, et IVADO, l’Institut de valorisation des données. Le directeur scientifique de ces deux instituts est Dr. Yoshua Bengio, sommité mondiale en apprentissage profond (deep learning), récent lauréat du prix Turing, l’équivalent du Nobel de l’informatique, avec Yann Lecun (France) et Geoffrey Hinton (Grande-Bretagne).

L’effervescence de Montréal en IA a généré une vague d’investissements publics qui a contribué à propulser la métropole depuis 2016. Le gouvernement du Canada a investi 230 M$ sur 5 ans dans la supergrappe d’innovation SCALE.AI, basée à Montréal et qui regroupe 110 entreprises, organismes et centres de recherche, pour façonner une nouvelle plateforme mondiale de chaîne d’approvisionnement et renforcera le leadership du Canada en matière d’IA à l’échelle international. Le gouvernement du Québec a ajouté 60 M$ à ce montant. Le gouvernement fédéral a aussi ajouté 125 millions dans sa stratégie pancanadienne en intelligence artificielle et le Fonds d’excellence en recherche Apogée du gouvernement du Canada a octroyé un montant de 93,6 millions à IVADO.

Maintenant, c’est le privé qui se joint au financement de l’écosystème montréalais pour maintenir son élan. Des joueurs internationaux comme Facebook, Google et Microsoft (États-Unis), Samsung (Corée du Sud), Denso (Japon), Thales (France) et QuantumBlack (Angleterre) ont choisi Montréal pour développer leur créneau d’intelligence artificielle.

C’est une grande fierté de voir la communauté d’affaires de Montréal se démarquer dans cette technologie qui va propulser la croissance mondiale et qui créera d’importantes retombées pour la métropole.

 Quels sont les défis pour avancer en intelligence artificielle ?

Il y a deux défis importants à relever afin de maintenir l’élan de la métropole en intelligence artificielle et son statut de hub mondial. La concurrence est vive : les superpuissances économiques comme la Chine et les États-Unis investissent des milliards dans le développement de l’IA.

Le premier sera de développer et retenir les chercheurs et talents spécialisés en intelligence artificielle formés à Montréal, et attirer les talents internationaux spécialisés. Pour former la relève en IA, nous devrons développer des programmes de baccalauréat spécialisé en IA et en machine learning et intégrer des cours d’introduction à l’IA à différents niveaux et programmes, pour accroître la capacité d’intégration de ce domaine des futurs diplômés. De plus, nous devrons assurer une meilleure représentativité des femmes dans le secteur. La participation des femmes au développement et au déploiement de la technologie de l’IA est une question importante, étant donné la portée potentielle de l’apprentissage machine sur l’ensemble de la société.

Le deuxième défi sera de favoriser la commercialisation des innovations en IA. Le Québec et le Canada performent très bien en recherche, mais on doit former davantage d’ingénieurs et de techniciens pour commercialiser les avancées issues de la recherche fondamentale. De plus, il sera prioritaire de déployer la technologie 5G au Canada pour supporter les avancées en IA et de convaincre les entreprises de prendre le virage numérique.

 Comment accélérer l’appropriation de l’IA par les entreprises dans des pays comme la Colombie où cette technologie est naissante?

Depuis deux ans, la CCMM organise un forum stratégique sur l’intelligence artificielle pour faire de l’IA un pilier du développement économique de la métropole, pour comprendre la transformation de nos industries et pour encourager nos entreprises à l’intégrer dans leur modèle d’affaires. Nous avons vu lors de ces forums que pour intégrer l’intelligence artificielle progressivement, les experts recommandent aux entreprises qui songent à prendre le virage de débuter par un projet pilote à l’interne, afin d’améliorer leur compréhension du potentiel de l’IA. Par exemple, un projet à faible risque pour les clients, les employés et pour l’image de l’entreprise est une avenue à privilégier.

Ensuite, il importe d’être bien accompagné. Les innovations qui découlent de l’IA permettront aux entreprises de toutes les industries de faire des gains considérables. Elles vont changer les façons de travailler et favoriser l’émergence de start-ups qui contribueront à cette transformation. Les PME qui veulent se lancer dans un premier projet d’IA devraient songer à se faire accompagner par une firme ou un centre de recherche qui se spécialisent dans le domaine.

 Est-ce qu’il y a un cas de succès d’entreprises ayant déjà intégré l’IA à leur développement que vous pouvez partager avec nous?

Je peux parler d’Air Canada, une entreprise canadienne bien connue en Colombie. Air Canada utilise l’apprentissage automatique et l’intelligence artificielle pour améliorer constamment leur service à la clientèle et offrir des moyens simples et rapides d’avoir des réponses sur l’état des vols, le calcul des prix et des informations logistiques pour les voyageurs, via l’application mobile ou des assistants vocaux.

De plus, Air Canada a bonifié sa cueillette de données. L’entreprise analyse ces données pour mieux comprendre comment servir la clientèle et aider leurs employés à accomplir leurs tâches. Ils s’en servent également pour offrir des offres personnalisées à leurs clients. Ils ont vu ces outils technologiques comme des moyens de prendre de meilleures décisions et devenirs meilleurs pour leurs clients. La recherche en intelligence artificielle a aussi mené à la création de plusieurs entreprises basées sur l’IA. La Chambre revient d’une mission commerciale axée sur l’intelligence artificielle qui a eu lieu en mars à Osaka, au Japon. 

Parlez-nous un peu de votre mission au Japon

La CCMM était accompagnée de cinq entreprises montréalaises spécialisées: Menya Solutions (Propose des services de développement d’applications IA pour différents secteurs d’activité) Mnubo (Analyse des données de l’Internet des Objets pour fournir aux fabricants de produits et équipements connectés des indicateurs stratégiques de performance et d’utilisation) , Optina Diagnostic (Développe des technologies pour la détection précoce de maladies, avec une première application dans le diagnostic de la maladie d’Alzheimer) Stradigi AI (Offre des solutions IA personnalisées aux entreprises) et Imagia (Révolutionne le diagnostic médical par des solutions supportées par l’IA)

 Est-ce que l’humanité est prête pour les impacts de l’IA ?

Il est unanime que les innovations qui découlent de l’IA vont apporter des gains significatifs à nos entreprises dans toutes les industries. Les entreprises doivent être prêtes à prendre le virage dès maintenant.

Évidemment, le développement de l’intelligence artificielle présente des défis éthiques et des risques sociaux. Ces enjeux figuraient parmi les principales préoccupations à l’occasion des diverses activités de la CCMM portant sur l’IA et son avenir.

À cet égard, il est important de noter que Montréal se positionne comme un leader du développement éthique de l’IA. Deux initiatives importantes ont pris naissance dans la métropole. D’abord, la Déclaration de Montréal sur l’intelligence artificielle, lors du Forum sur le développement socialement responsable de l’intelligence artificielle, tenu en novembre 2017. Cette déclaration propose un cadre éthique pour un déploiement de l’IA dont tous pourraient bénéficier. La Déclaration de Montréal vise à réussir un développement inclusif, équitable et écologiquement soutenable de l’IA dans un espace de dialogue national et international.

Il y a aussi eu la fondation de l’Observatoire international sur les impacts sociétaux de l’intelligence artificielle et du numérique en décembre dernier. Cet organisme regroupant près de 90 centres de recherche et une vingtaine d’établissements universitaires et collégiaux travaillera de près avec les gouvernements, la société civile et les secteurs privés du Québec, du Canada et de l’international dans la recherche, la veille, la formation, la consultation publiques et la recommandation de lois et de politiques publiques visant à encadrer les développements de l’intelligence artificielle.

 Finalement, est-ce qu’on devrait avoir peur du futur de travail ? Les robots vont-ils remplacer l’humain ?

Il est indéniable que les innovations en IA vont changer les façons de travailler. Les entreprises sont préoccupées par les façons dont l’IA touchera leur industrie, mais elles doivent néanmoins en saisir le potentiel. Il faut le voir comme une opportunité, et non pas comme une menace. Déjà, les entreprises à l’avant-garde vont vers l’IA de façon vigoureuse. Il est donc nécessaire pour les entreprises de peaufiner leur stratégie et d’évaluer leur capacité à suivre la cadence et passer à l’action.

Les experts affirment que l’IA et l’automatisation rendront le travail de l’humain en constante réinvention. C’est une nuance importante qui éloigne de la notion de « remplacement » et la peur de voir nos travailleurs être remplacés par des robots. Les stratégies de requalification de certains travailleurs dont le rôle peut être substitué par des robots opérés par l’IA seront essentielles au cours des prochaines années.

 

Remerciements: Monsieur Michel Leblanc- Madame Julie Serero CCMMM
Crédits photos: Thierry Du Bois / Cosmos Images – Éric Carrière / Cosmos Images

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